Adhésion 2024
JE RENOUVELLE MON ADHÉSION
 

Discours d'Éric Zemmour à Bruxelles (National Conservatism Conference)

Chers amis,

Merci de votre invitation, merci de votre accueil ! Je suis heureux d’être devant vous aujourd’hui, entre Européens, entre Occidentaux, pour partager notre fierté d’être ce que nous sommes et notre détermination à le rester.

L’Europe a une grande et longue histoire. Et, comme toutes les longues et grandes histoires, qui s’étendent sur d’aussi vastes espaces et pendant autant de siècles, elle a été traversée de drames de très grande ampleur. L’Europe a connu des guerres, dont récemment deux guerres mondiales. Elle a connu des catastrophes naturelles, des épidémies, des famines, des crises économiques, des invasions, des guerres civiles. Elle s’en est toujours remise. Plus ou moins rapidement, parfois très lentement, mais toujours avec courage et avec talent. On peut parler d’une résilience européenne, d’une capacité de notre civilisation à comprendre ses erreurs et à s’améliorer en vue de progresser, encore et toujours.

L’Europe est un miracle. Oh ! Elle ne paie pas de mine. C’est le plus petit des continents du monde, coincé entre l’Asie et la mer. L’Europe n’a ni les gigantesques étendues de l’Amérique ni les masses grouillantes de l’Asie. Elle est pourtant le cœur battant de l’aventure humaine. En quelques siècles, l’Europe a tout inventé : le monastère, le style gothique, le chant grégorien, la lettre de change, la féodalité, le canon, l’imprimerie, la musique symphonique, la boussole, la machine à vapeur, l’électricité, le moteur à explosion, le train, le cinéma, l’avion. Et j’en passe.

C’est l’Europe qui, avec ses bateaux d’abord, puis ses trains, ses voitures et ses avions, a découvert puis relié le monde. C’est l’Europe qui, avec ses règles d’hygiène, ses vaccins et ses médicaments a soigné l’humanité. C’est l’Europe qui a su penser séparément le temporel et le spirituel. C’est l’Europe qui a inventé l’individu, l’émancipant de la loi du clan et de la tribu, lui permettant d’être libre. C’est en Europe qu’est née la révolution industrielle et la Renaissance. Et à chaque fois qu’une nouveauté technique, intellectuelle, artistique, politique, économique, scientifique, était inventée dans un coin quelconque de l’Europe, c’est tout le continent qui, en quelques années, le faisait sien.

L’Europe n’est pas un pays, l’Europe n’est pas un peuple ni une nation, mais c’est bien une seule et même civilisation, forgée par le judéo-christianisme et l’esprit gréco-romain. L’Union européenne n’a même pas un siècle mais notre Europe a plus de deux millénaires. Ceux qui se reconnaissent dans cet héritage, se l’approprient et veulent le perpétuer, sont des Européens. Tous ceux qui ne se s’y reconnaissent pas sont d’une autre civilisation.

Notre continent est extrêmement âgé : oui, ses racines philosophiques, politiques, juridiques, religieuses, plongent dans une Antiquité qui a plus de deux mille ans, mais, étrangement, elles semblent toujours jeunes. De l’Égypte de Cléopâtre, il ne reste que des ruines. De la Rome de César, il reste une vision du monde qui, à bien des égards, est aujourd’hui encore actuelle. Nous continuons à nous nourrir de la pensée de Sénèque, de Marc-Aurèle et de Cicéron. Et c’est encore plus vrai d’Héraclite, de Socrate, ou de Platon, même parfois sans nous en rendre compte. Malgré toutes ses souffrances, malgré toutes ses épreuves, malgré les nombreuses fois où l’on a cru qu’elle était perdue, notre civilisation semble avoir quelque chose d’immortel.

Et pourtant. Et pourtant. L’Europe contemporaine entre dans une nouvelle crise et chacun sent confusément qu’elle pourrait être la dernière. Quelle est cette crise qui pourrait s’avérer plus profonde, plus grave, plus déterminante que toutes les précédentes ? L’Europe n’est pas sous les bombardements, elle n’est pas dévastée par la peste, elle n’est pas ravagée par la famine, mais, dans la plupart de nos pays, des millions de citoyens ont le sentiment que tout ce en quoi ils croient, tout ce qu’ils ont connu, et même tout ce qu’ils sont, est sur le point de s’effondrer. Partout en Europe, du Portugal à la Hollande en passant par la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Allemagne et évidemment la France, naît un sentiment d’urgence qui touche toutes les couches sociales, des plus populaires aux plus aisées, des plus modestes aux plus fortunées.

Ce sentiment d’urgence, cette inquiétude qui avoisine la peur, parfois même la panique, c’est l’impression que la civilisation européenne est encerclée par plusieurs ennemis à la fois, tous extrêmement dangereux, et que cet encerclement pourrait avoir raison de ce que nous sommes et de tout ce que nous aimons. Je considère que ces ennemis, ou tout du moins les plus évidents, les plus immédiatement menaçants, sont au nombre de trois.

Le premier est l’islamisation du continent. Une religion qui entend régenter tous les aspects de la vie, partout où elle devient suffisamment puissante pour peser et changer jusque dans ses moindres détails nos quotidiens, dans ses aspects vestimentaires, éducatifs, culturels, alimentaires, etc. La liste des domaines où l’islam veut nous imposer sa loi est sans fin. L’affaiblissement de la religion chrétienne par le militantisme de gauche au XXème siècle a ouvert la voie à un islam qui prétend combler notre vide spirituel, et qui a très clairement l’intention de dominer tout le continent européen. Et il est en train d’y parvenir. Voyez Londres, où j’étais il y a peu avec certains d’entre vous. Voyez les banlieues françaises. Le grand remplacement s’y vérifie chaque jour. Les terres européennes sont de plus en plus des terres de Djihad, où règnent la violence, l’humiliation des femmes et l’interdiction de critiquer le Coran et Mahomet, sous peine de mort. Seuls les idéologues et les naïfs osent encore nier la réalité de cette situation.

Le deuxième ennemi qui nous encercle et c’est aussi le sujet des élections européennes en cours, c’est la bureaucratie européenne et la tyrannie de ses juges. Un monstre extraordinaire pesant, omniprésent, et qui ne cesse de grandir, produisant toujours davantage de lois, de normes d’interdictions, de surveillance, de censure, au point que ce continent, qui a été si longtemps celui de la liberté, devient inexorablement une zone d’appauvrissement accéléré de nos libertés. Nos amis polonais et hongrois ici présents en savent quelque chose. La liberté économique, la liberté politique, la liberté culturelle, sont aujourd’hui les proies de la bureaucratie européenne, qui ressemble étrangement au communisme soviétique, dans une version homéopathique. L’Europe de Bruxelles n’est évidemment pas communiste, ou pas encore, mais elle en prend le chemin. On voit s’installer chez nous un genre de socialisme sans visage, pas vraiment totalitaire, mais de moins en moins démocratique. L’urgence est de mettre fin au règne d’Ursula vont der Leyen et de sa majorité progressiste, dès le 9 juin prochain. C’est notre objectif prioritaire avec Marion Maréchal, la tête de liste de mon parti.

Le troisième ennemi veut anéantir notre culture, notre identité et notre histoire. Il hait d’une haine enragée nos deux millénaires de gloire, de victoires, de génie et de créativité. Vous savez de quoi je parle : je parle du wokisme. Une idéologie extraordinairement bête, vide, inintéressante, mais d’une agressivité et d’un entêtement absolus. Il n’y a pas un seul élément de notre civilisation qu’il ne veuille détruire. Tout ce que nous sommes lui est insupportable. Tout ce que nous sommes doit disparaître dans un immense autodafé. Le wokisme est grotesque, mais il est immensément dangereux, car il influence massivement les médias, les artistes, les institutions, et il est devenu le nouveau visage de la gauche européenne - et pas seulement européenne : nos amis américains voient hélas de quoi je veux parler. Même s’ils pourraient trouver dès le mois de novembre la force de lutter contre ces wokes !

Alors, moi aussi, je veux dire avec la plus grande fermeté aux wokes qui détestent l’histoire de l’Europe, à tous ces nihilistes, tous ces punks, qui considèrent l’Occident comme le mal absolu, je leur dis : « Grandissez un peu, lisez quelques livres, cessez de couvrir la Joconde de sauce tomate et de saccager nos monuments publics, et remercierez le Ciel de vous avoir fait naître ici, et pas ailleurs. Vous êtes des enfants mal élevés qui cassent les magnifiques jouets qu’on leur a offerts. ». Aucune autre civilisation n’a été aussi brillante, aussi créative, aussi admirable que la nôtre. Aucune !

Je vous le dis en tant que Français, en tant qu’ancien journaliste, passionnément attaché à la liberté d’expression et à la liberté de pensée. Mon parti, je l’ai appelé Reconquête, car nous avons un pays à reconquérir, un continent à reconquérir. Et nous commencerons dès le 9 juin avec nôtre tête de liste, Marion Maréchal et tant de nos alliés ici présents. Vous devez savoir que nous sommes les seuls en France à combattre ces trois dangers. Mais nous sommes loin d’être les seuls en Europe, car vous êtes là ! Bravo au MCC, bravo pour tout ce que vous faites, chacun dans vos nations !

Oui, Mesdames et Messieurs, nous, les Européens, nous devons mener pour notre survie trois combats à la fois. Nous devons défendre notre civilisation comme si notre vie en dépendait, car notre vie en dépend. Il nous appartient à tous de sauver le destin de la plus belle civilisation de tous les temps. Seuls un peuple libre peut faire une grande nation. Seuls des peuples libres pourront faire une grande Union européenne. Merci à vous !